Le parcours du félin
- didier turcan
- 30 oct. 2012
- 3 min de lecture

On rappelle que la stratégie urbaine des entreprises (S.U.E ) propose aux entreprises de s’inscrire dans le quotidien urbain des consommateurs par le biais d’actions participatives ou collaboratives visant à satisfaire un besoin ou un confort citadin ( sécurité, mobilité, fluidité, convivialité …).
L’entreprise prend ainsi le train de la ville qui revient en force sur la scène économique internationale. C’est un moyen nouveau de séduire le consommateur en considérant chez lui, pour l’améliorer, sa condition de citadin.
Qu’on l’habite ou qu’on la côtoie, la ville est un élément majeur et structurant de l’univers courant du citoyen à facettes multiples, tour à tour consommateur, citadin, patient dont les exigences vont grandissant. L’entreprise perçoit là l’occasion exceptionnelle de se valoriser dans le cadre de cette proximité retrouvée.
Ce retour en force de la ville nous avait donné déjà l’occasion de dresser un catalogue de préconisations dites de « S.U.E pratique » à l’attention des entreprises qui jusqu’alors figurait davantage comme un inventaire de bonnes intentions plus ou moins réalistes. Parmi ces préconisations, nous avions ainsi pu recommander :
. d’intégrer le plus souvent possible des images et des sonorités positives de la ville dans les supports de communication traditionnels (affiches, plaquettes, visuels, messages audio …) ;
. d’utiliser un vocabulaire urbain (rue, quartier, boutique, village, carrefour, passant … appartenant au registre intime du citadin) dans les messages écrits et les communications orales ;
. de participer à des actions « pleine ville » (foires, événements …) existantes ou à créer ;
. de sponsoriser des actions d’amélioration du cadre de vie ;
. de participer à des créations éphémères (lieux de restauration, de réception ou d’expositions sur chantiers ..) ;
. de sponsoriser des opérations d’art urbain (amélioration du cadre de vie) ;
. d’illustrer, en toutes occasions, le slogan « être visible en étant utile » ;
. de créer des parcours marqués ;
. de participer ou d’encourager des « installations » (type salon de rue par une entreprise de conception de mobilier et objets de décoration) qui révéleraient les capacités d’innovation de l’entreprise maître d’œuvre.
Les mois ont défilé et plusieurs de ces réalisations ont vu le jour. Pas une semaine ne passe désormais sans qu’un exemple de S.U.E soit relevé dans la presse économique. Comme promis, nous reviendrons régulièrement dans ces colonnes pour les signaler et en analyser les effets.
Il y a longtemps déjà, JCDecaux avait anticipé le phénomène en prenant en charge la signalétique urbaine. Mais JCDecaux était afficheur et la réalisation coïncidait avec l’activité de l’entreprise. Nous étions là dans une extension logique.
Mais nous serions encore dans la fiction en évoquant le cas d’un fabricant de chaussures de sport et d’articles lifestyle qui soutiendrait médiatiquement le projet de rénovation d’un quartier pédestre du centre ou de la périphérie d’Orléans ou de Grenoble. Ou encore qui parrainerait, simplement, la plantation d’arbres d’une espèce particulière évoquant l’univers de l’animal emblématique qui est la signature de la marque. Qui financerait la réhabilitation d’un lieu historique, qui créerait un espace ludique ou thématique à ciel ouvert, qui concevrait le premier « musée du félin ». Et pour finir ou presque, qui créerait un parcours dédié, lequel ne serait pas un parcours de santé mais un parcours urbain, bien reconnaissable, marqué et qui relierait différents lieux plus ou moins branchés de la ville, fréquentés par les clients potentiels.
Autant de réalisations, permanentes ou éphémères, mais reproductibles dans d’autres villes et franchisables à volonté. Avec l’immense avantage aujourd’hui de pouvoir en tester préalablement et numériquement tant la configuration que l’impact.
Et dès avant leur mise en place, entendre feuler la ville.
turcan@covos.fr